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Place Daumesnil
Dimanche de marché
Sur l’étalage printanier
Les fruits de Mireille
Éclatent au soleil
*
Rendez-vous
Des matins borgnes
Sur le comptoir
Un petit sauvignon
Avant la tempête
Et la dernière cigarette
*
Ces visages de filles
Doux et lointains
Poupées en porcelaine
Rue de Siam
*
Rue Quincampoix
Une passante du soir
Prend la relève
Sa cigarette
Brûle mes lèvres
*
En bleu de travail
Perdu dans son plat de lentilles
Un cheminot broie du noir
Rue du Charolais
Chez Jean l’auvergnat
*
Le café trop fort
La tête sous les épaules
A cracher son sommeil
Les maux dans la gorge
*
Je me souviens
D’Antoine Doinel
En noir et blanc
Dans les 400 coups
Du Truffaut ! Avant mai 68
Loin des cités de banlieue
Et pourtant
Déjà si proche
Place de l’Opéra
Un bouquet de violettes à la main
Mon I Phone 4G dernier cri
Aux creux de mon oreille
Ivre ou pas - Je panique
Une voix m’avertit : j’arrive !
Encore une fois
Je suis dans une impasse
Inondé de lumière
Attaché à mon ombre
J’existe !
*
Un vieux vinyle des années 30
Ces machins introuvables
Que l’on garde religieusement dans un carton
Oublié au fond de l’armoire
Je lis sur le disque
Devenu presque invisible
« Sonny Boy Williamson »
Il se peut que la pochette
N’appartienne pas au disque
*
J’ai vu
Le long des trottoirs
Des filles belles et jeunes
A pleurer son fox-trot
Ouvre-boîte
Volant qui grince
Une épingle à cheveu
Au pied du lit
Métro. Jazz
Ta cigarette brûle mes lèvres
J’irai la retrouver
Ce sera midi tapante par un jour de septembre
La rue sera pleine d'un soleil fou
C'est l'heure des terrasses envahies d'ombre
Quand la vie se retire en sifflant de ses artères
Son mystère est vivant
C’est dit-on la malédiction fascinante
Elle aurait fait incendier Paname
Pour quelques orgies transcendantes
Elle m'attend les fers aux pieds
Les chaînes aux épaules
Dans sa haute tour des larmes
Pour m'offrir l'eau trouble de son écuelle d'argent
*
Parc des Buttes-Chaumont
Talons plats
Dans son Jeans magnétique
Sous l’acacia géant
Une jeune fille tout à son livre
R.T
