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Au départ, c’est toujours la même chose. La page blanche. Les fragments d’une vie en quinconce. On sniffe les flots dorés d’un chaos inéducable. On se raccroche à ce reste de café dans la tasse. Il y a la peur des mots qui font mal. Peur de ce labyrinthe qui nous engloutit jusqu’à la moelle. Il faut cogner, cogner toujours plus fort pour ingurgiter cette colère carnivore. Tu es prisonnier de tes propres dérives, de tous ces remords qui te rongent le corps. Cette indignité de la douleur. Tu papotes tes maux comme un condamné à mort aux pieds de son bourreau. Et puis il y a le bruit, ce bruit de la rue tellement humain. Le zip de la fermeture éclair sur tes épaules nues. Tes mains furtives qui me caressent la peau, tes yeux qui me décape l’âme. Au diable l’écriture. Toutes ces phrases à la con qui te flinguent sans sommation.
Les feuilles qui tombent
Les unes après les autres
Disent bien mieux que toi
Toute la mélancolie de l’arbre mort.
Richard Taillefer, extrait inédit de “Va où le vent t’emporte !”