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Un poète et un peintre habités, pour le Musc’art
d'avril - Philippe Lemoine et Michel Lemaire
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Ce 43ème Musc’art s’est retrouvé, comme d’habitude, au restaurant Côté Mer de Frontignan-plage, avec une trentaine de personnes dans le public, parmi lequel un bon noyau de fidèles qui reste fidèle au poste. Avec aussi un bel écran tout neuf, prêté par la mairie de Frontignan, et enfin, avec deux invités, le premier, Philippe Lemoine, poète, venu de Narbonne et le second, Michel Lemaire, artiste peintre frontignanais.
C’est alors Philippe Lemoine qui a ouvert la séance, après que Angela Mamier l’eut présenté comme le créateur de la Maison de la Poésie de Narbonne président-fondateur de l’association « Mille Poètes en Méditerranée » et bien sûr l’auteur de nombreux ouvrages de poésie.
Philippe Lemoine : toute une vie pour la poésie.
Philippe Lemoine entrera alors dans le vif du sujet, SON sujet, la poésie, qu’il a très vite écrite surtout en vers classiques, en alexandrins, habité qu’il est par l’art de Malesherbes et de Boileau, dont il respecte beaucoup l’Art Poétique. Et de préciser ensuite que « la poésie permet d’aller au-delà des choses… d’affiner et d’effleurer l’âme de ces choses, puisqu’il en a une vision intérieure,… », ceci étant dû au fait que « la sensibilité des poètes est sans doute plus exacerbée….touchés qu’ils sont devant la douleur du monde, qu’ils ressentent alors et expriment dans leurs œuvres… ». Il donne en exemple son intervention en Tunisie, quand il a évoqué les poètes morts pour des mots là-bas, ce qui peut faire aussi du poète un rebelle (Philippe a lu un poème célébrant le 100è anniversaire de la mort de Jean Genet au Maroc), celui qui est dans « cette quête artistique, qui lui fait ouvrir des portes vers la magie… »
Et quand Angela Mamier veut savoir si le poète est utile au monde, il répond par l’affirmative car « le poète cherche à découvrir les clés du mystère de la vie », dans une poésie méditative. Quant à changer le monde, n’exagérons point car si « le poète peut apporter quelques petits rayons de soleil au coin de la rue (pour ses lecteurs) », c’est toujours ça, affirme Philippe, qui a attendu vingt ans pour publier, après avoir eu la révélation de Baudelaire en classe de 5è, et donc mettre aussi de l’intimité dans son œuvre (« la Poésie est mon psychanalyste »), porteuse de valeurs, comme la fraternité ou l’amour pour un monde meilleur.
Après une lecture de poèmes toute en sensibilité par Marie Doutrelant, artiste peintre frontignanaise, Philippe Lemoine a complété son exposé en présentant son association Mille Poètes en Méditerranée comme un moyen d’amener le public à concilier poésie et monde du travail, ne serait-ce que pour lui apporter plus de lucidité sur le monde d’aujourd’hui, que Philippe ne perd jamais de vue. Ceci, avant qu’il ne se lance dans une lecture particulièrement évocatrice et sensible de quelques-uns de ses textes, Fabrice Lucchini n’ayant qu’à bien se tenir !
Michel Lemaire, ses couleurs, ses reliefs et sa force.
Arès Philippe Lemoine, Michel Lemaire s’est posé comme une autre force tranquille , derrière le projecteur et face à l’écran-miroir de son œuvre importante sinon gigantesque. Comme un philosophe aussi, qui raisonne sur sa peinture et l’Art en général, en refaisant son parcours de vie, familiale et professionnelle, Michel a avoué « avoir multiplié les expériences » dans cette vie riche en voyages et rencontres qui ont influencé son œuvre artistique. Car Michel n’est pas seulement peintre ; il a aussi donné dans la sculpture et la céramique. Mais quand la peinture revient, il affirme haut et fort, comme il sait le faire, que « pour peindre, il faut prendre son temps, pour regarder et ressentir… et vouloir raisonner la peinture, c’est la détruire… ! » Et de préciser « qu’un tableau, c’est une fenêtre ouverte sur un voyage, à faire seul… et « qu’on n’a pas besoin d’expliquer un tableau… l’humilité doit être de rigueur et la création artistique n’est pas faite pour les esprits forts… ». Indissociable de sa vie, Michel Lemaire a déroulé son œuvre, partie de Saumur et arrivée à Frontignan, en passant par Nouméa, en Nouvelle – Calédonie, Aukland, en Nouvelle-Zélande, Genève , le Périgord vert, Agde et Montpellier, tous lieux et villes où il a exposé et reçu de brillants honneurs. De la figuration très colorée avec des sujets « exotiques », il est passé à l’abstrait, puis par une période « taurine »-coup de foudre, attiré par la violence et les couleurs qu’elle génère, au point d’avoir réalisé une affiche pour la féria de Béziers. Et toujours Michel de tenir à mettre « du relief » sur ses tableaux, avec ses petites recettes secrètes, qui font en effet sa particularité, avec toute la force du geste et encore et toujours de la nostalgie pour cette Nouvelle-Calédonie, qu’il a tant aimée.
On ne saurait trop recommander au Musée de Frontignan, qui vient de rouvrir son espace, de consacrer un jour ou l’autre, une jolie rétrospective de l’œuvre de Michel Lemaire, qui n’aurait que l’avenue à traverser pour accrocher ses tableaux. Mais c’est une autre histoire, qui ne dépend pas de lui… !
Le repas convivial servi en fin de séance à Côté Mer par Stéphanie a été toujours aussi apprécié.
Pierre Mamier