("poem glaciar" - Luminița Suse )
je n’aurais pas cru survivre encore un jour
une nouvelle vie
accroupie dans mon cocon de ténèbres
je n’en laissais échapper aucun brin
et j’espérais que rien ne m’arrivât
dans cette soyeuse indifférence
j’attendais de perdre l’identité tourmentante
qui persistait dans l’erreur
rien ne m’apportait l’apaisement
ni le vacarme des mains gelées tombant
soudainement avec la pierre
ni le bloc de sel léché par la chimère bienveillante
dans le sommeil
j’étais seule avec des colimaçons superlatifs sur l’épaule
refusant de voler
dans ce vide de l’isolement dément
mais on entendit un téléphone
sonner dans le tunnel d’oreilles superposées
collé à ma tempe gauche
et dans la ville les sirènes des engins policiers résonnèrent
imitées par un pouls criminel qui se désaccouplait
du c-o-e-u-r c-o-e-u-r c-o-e-u-r en moi
je cessai alors de m’apitoyer sur moi-même
et passai par-delà des montagnes de lucioles
qui flambaient dans les phares de la voiture
jusqu’à atteindre de sang froid
la libre crête de l’imagination
(Traduction: Nicole Pottier)
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