LE OUI QUE TU TE DOIS, par Jean-Paul Gavard-Perret

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dessin: MN 

 Entre tes lèvres et ton souffle, cette boule d’angoisse où s’effondrent les mots de péché. Dans la proximité du vrai ton mutisme est-il prison et ténèbre ? Attends que se dénouent les mots qui te délivreront.  Je voudrais me porte malgré toi au devant de ta vie. Stupeur ivre à espérer pour toi un temps neuf. Mais à la fin quand retombe l’égarement la honte est là qui m’accueille. 

Et pourtant je reprends : romps tes liens, va où  te pousse ta faim. Au besoin pour vivre plus trahis ce qui donnait sens à ton existence : blessures, erreurs, fourvoiements, décombres. Ce n'est bien sûr pas simple : quelle direction prendre lorsqu’il te faut vivre au rebours ce qui jusque là guidait tes pas? 

Tu as usé tes forces à trier le vrai du faux, à te donner des fondations, à essayer de te comprendre. Mais quand l’urgence fait signe il te faut trancher des amarres même si tout a été détruit de ce que tu avais édifié. La vie parfois nous conduit à renier ce qui en elle est besoin de perfection.  

Tu pensais qu’elle était où tu n’étais pas. Un jour tu as franchi la frontière, tu as marché jusqu’a te perdre. Mais jamais la voie est droite. Ce vers quoi on marche se situe au delà de ce qui fut atteint. Lorsque tu as cédé à l‘appel du large tu t’es  risquée plus loin jusqu’a perdre ton chemin. 

Mais ton pays intérieur te  rappelle ce dont tu t’es amputée. As-tu voulu pirater ce que personne ne pouvait vous donner ? T’es-tu trop vite convaincue d’avoir touché au port ? Il te reste à vivre les richesses amassées dans tes cales. Le temps te portera. Tes mots n’étoufferont plus sur la terre des matins de mémoire. 

Ta faim dévore la fin. Sous l’agonie de ce qui délabre : la remontée de ta foi en toi ? tu sais maintenant ce qui endeuille l’innocence. Tu n’appartiens pas au camp des menteurs, des coupables qui harcèlent le besoin de nouer fermement ton bâillon en te forçant à t’abstenir d’être qui tu es. Au besoin n’étouffe pas ta plainte. 

Les champs de pierres succèdent encore aux champs de pierres mais sois qui tu deviens, tu peux désormais te rejoindre. Il faut poursuivre encore parfois au fond de la douleur et de la nuit. Tu renoues avec ta terre, tu épouses tes racines.  Reprends l’étroit chemin. 

Le vent qui heurte les pêchers et couche leurs branches dans le ciel s’engouffre en toi.Il chasse tes vieux savoirs, quête ta lumière. Son ordre est encore obscur mais la mutation octroie l’inespéré. Plus vaste l’espace même si la guerre n’a pas pris fin Ayant acquis la force de te laisser vaincre, ta lumière sèche tes plaies, tu soutiens le face à face. 

Tu ne parles que d’une seule voix. En glissant tu t’es élevée. La lueur est encore lumièreLorsqu’elle survit à l’amertume des épreuves dont elle naît.  

ADDENDA 

T’écrire un filet blanc sur la fumée d’une ligne qui se recouvre d’un fil rouge. Un silence dont la goutte ne tombe pas au ciel, ne monte pas sur la terre. Hantée l’errance. Signes enlacés à ta hampe autour de l’attente qui éponge ton ombre. Les mots essayent d’atteindre, d’interrompre, de convertir  ta trace. Je vais par l’espace oscillant de tes œuvres enfermées dans le livre impossible de ton nom pour embarquer. Ni arrivant, ni partant. Dans l’exode collectif du corps. Se dénuder  en suspens aérien. L’incision dans la chair délivre de la brûlure de l’os. Mots  soumis à tes images, aux gestes loin de soi et près du commencement et de la fin. 

TEMPS D’UN CORPS CLOS 

Egal dans le trop. On ne dort plus, on avance. On demeure avec les débris d’une langue devenue sable. Et aussi ce qui reste de corps. Autour devient égal. Du moins on essaye. Pour continuer. S’introduire dans l’hiver. Sans trop geler. On n’oublie pas. On n’écrit pas tout. Ce serait entrer dehors.  Rien n’est lisible, n’est-ce pas ? En rester là. Reprendre sans doute. Mais plus tard.

 



le 31 janvier 2009