EXPOSITION: Ghérasim Luca

EXPOSITION:

Ghérasim Luca


Cubomanies
du vendredi 11 juillet au samedi 20 septembre 2008

Vernissage le vendredi 11 juillet 2008 à 18 h 30
suivi d’une intervention de

Alexandre de la Salle

et de la projection du film de Raoul Sangla: « Comment s’en sortir sans sortir », 2008 - éd. Corti
portrait de

Ghérasim Luca


Remerciements :
Micheline Catti, Alexandre de la Salle, Thierry Garrel, Benoît Decron, le musée de l’Abbaye Sainte-Croix, les éditions José Corti, Jean-Marc de Samie, Geneviève Beauzée.


 




Avant-propos au catalogue de l’Abbaye Sainte-Croix

le désespoir a trois paires de jambes
le désespoir a quatre paires de jambes
quatre paires de jambes aériennes volcaniques
absorbantes symétriques
il a cinq paires de jambes cinq paires
symétriques…

Ghérasim Luca *

Impossible de ne pas penser aux cubomanies de Ghérasim Luca en relisant les premières lignes de ce poème. Étranges objets que ces cubomanies : pendant près de quarante ans le poète les découpait, les collait, les assemblait et les préparait pour des expositions : avec des panneaux de fond en bois tout de noir peints. Il lui arrivait aussi de les laisser en attente. Sur de petites plaquettes d’isorel, il installait les précieux carreaux, morceaux choisis de la « Grande Peinture ». Au dos, Luca y collait d’élégants phylactères calligraphiés.

Voir dans la cubomanie un simple collage est une hérésie. Tangage et bégaiement plastique, elle condense de manière obsessionnelle et naturelle ce que fait Luca de la langue. Lire ou plutôt essayer de psalmodier un poème peut entraîner, par inertie, dans le rythme, à de multiplications insensées. La séquence d’un corps (ou réputé tel dans la peinture) va se diffracter, prendre de l’ampleur. Corps araignées, tordus, explosés, recomposés dans les cubomanies : combien de mains, de bras, cous et nuques redoublés (prendre au jeu l’austère Ingres et ses Odalisques télescopiques).

Ghérasim Luca est ce poète majeur du XXème siècle, cet écrivain subtil, un homme habité de mots. Ses récitals étaient des événements. Il ne faut pas négliger l’importance de son oeuvre plastique. Comme celle de Michaux. Son oeuvre, cubomanies, mais aussi dessins, gravures et collages, forme un tout indivisible. Et montrée, comme ses livres, ses manuscrits. Tel qu’en lui-même, véhément, inconsolable ou insaisissable, Luca se réverbère en Luca. Il a touché aux rivages du surréalisme, aux performances vocales (ses récitals, son amitié avec les Polyphonix). Somme toute tel qu’en lui-même.

Ce catalogue est le témoignage de l’exposition aux Sables d’Olonne : nous voulions montrer l’oeuvre plastique, comme les écrits, les collaborations avec les artistes amis (Catti, Brauner, Hérold, Lam, Kowalski, Herz...). Voir le film de Raoul Sangla, Comment s’en sortir sans sortir. Écouter les récitals.

L’exposition se poursuivra, en configurations variées, au cipM, puis au Centre des Livres d’Artistes de Saint-Yrieix-la-Perche. Que Micheline Catti, sa compagne, soit ici remerciée pour sa confiance, et pour nous avoir permis de réaliser cet important travail. Sans sa générosité, son impulsion, rien n’aurait été possible.

Benoît Decron
Conservateur en chef du musée de l’Abbaye Sainte-Croix
Emmanuel Ponsart
Directeur du centre international de poésie Marseille
Didier Mathieu
Directeur du Centre des Livres d’Artistes de Saint-Yrieix-la-Perche
[...]
' ' ' Cahier du Refuge 172 - Gérashim Luca ' ' '

 

Ghérasim Luca

Bucarest, 1913
Paris, 1994



Dès 1945 Ghérasim Luca s'attache à l'exploration du fonctionnement réel de la pensée et de l'acte (Le Vampire passif)

Dans un monde qui se désagrège, mais non les valeurs et les institutions qui sous-tendent et qui s'inscrivent dans la figure d'Œdipe, va émerger la poésie non-œdipienne (L'Inventeur de l'amour, 1945 ; Le Secret du vide et du plein, 1947). Le langage se trouvera simultanément déconstruit et recomposé (Héros-Limite, 1953)

Par le moyen d'opération physiques sur le langage, Luca restitue une vibration évidente mais pourtant insoupçonnée logée dans les structures verbales (Sept Slogans ontologiques, 1964 ; Sisyphe Géomètre, 1967 ; Le Chant de la Carpe, 1973).

De cette approche procèdent également les rituels de L'Extrême-Occidentale, 1961, les transmutations de La Clef, 1960, les génèses de La Fin du monde, 1969.

Mais surtout le poème quitte l'écrit, s'oralise (Crimes sans initiale, L'Autre Mister Smith : récitals), se visualise (Crier Taire, La Maison d'yeux : cubomanies, dessins).

Dans Paralipomènes, 1977, s'affirme la tendance à sortir du langage, à transgresser le mot par le mot, et le réel par le possible.

Enfin avec Théâtre de bouche, 1984, Luca se fait le metteur en scène des affres de l'homme axiomatique que La Proie s'ombre, 1991, condense et volatilise.

publications :
en français:
Quantitativement aimée, éditions de l’Oubli, 1944.
Le Vampire passif, Editions de l’Oubli, Bucarest, 1945/ Editions Corti, 2001.
Amphitrite, Editions de l’Infra-noir, Bucarest, 1945.
Le secret du vide et du plein, Editions de l’Oubli, Bucarest, 1947.
Héros-Limite, Le Soleil Noir, Paris 1953, avec une gravure et trois dessins de Jacques Hérold/ Editions Corti, 1985/ Editions Gallimard, 2001.
Ce château pressenti, Méconnaissance, Paris, 1958, avec frontispice et gravure de Victor Brauner.
La Clef, Poème-Tract, Paris, 1960.
L’Extrême-Occidentale, Editions Mayer, Lausanne, 1960, avec 7 gravures de Arp, Brauner, Ernst, Hérold, Lam, Matta, Tanning.
La Lettre, sans mention d’édition, Paris, 1960.
(Au bois Sacré de Bomarzo), Le parole gelate, 1960.
Le Sorcier noir, avec Jacques Hérold, Paris, 1962.
Sept slogans ontophoniques, Brunidor, Paris, 1964, avec gravures de Augustin Fernandez, Enrique Zanartu, Gisèle Celan-Lestrange, Jacques Hérold.
Poésie élémentaire, Editions Brunidor, Vaduz, Liechtenstein, 1966.
Apostroph’ Apocalypse, Editions Upiglio, Milan, 1967, avec 14 gravures de Wilfredo Lam.
Sisyphe géomètre, Editions Givaudan, Paris, 1967, Livre-sculpture conçu par Piotr Kowalski.
Droit de regard sur les idées, Brunidor, Paris, 1967.
Déférés devant un tribunal d’exception, sans indication d’édition , Paris, 1968.
Dé-Monologue, Brunidor , Paris, &ç§ç, avec 2 gravuresde Micheline Catti.
La Fin du monde, Editions Petitthory , Paris, 1969, avec frontispice de Micheline Catti et 5 dessins de Ghérasim Luca.
Le Tourbillon qui repose , Critique et histoire, 1973.
Le Chant de la carpe, Le Soleil Noir , Paris, 1973, avec sonogramm et sculpture de Kowalski/ Editions Corti, 1986.
Présence de l’imperceptible, Franz Jacob , Châtelet, sans date d’édition.
Paralipomènes, Le Soleil noir, Paris, 1976, avec une cubomanie de Luca/ Editions Corti, 1986.
Théâtre de bouche, Criapl’e, Paris, 1984, avec 1 gravure et 9 dessins de Micheline Catti/ Editions Corti, 1987.
Satyres et satrape, Editions de la Crem, Barlfeur, 1987.
La Proie s’ombre, Editions Corti, 1991.
L’Inventeur de l’amour suivi de La Mort morte, Editions Corti, 1994.
Le Cri, Editions Au fil de l’encre, Paris, 1995.
La voici la voie silenxieuse, Editions Corti, 1997.
Non-Oedipus X, avec Micheline Catti, Le Parole Gelate, 1998.
Un loup à travers une loupe, Editions Corti, 1998.
Prendre corps, réédition, Unes, 1999.
Catalogue Ghérasim Luca, Micheline Catti, Editions Idem + Arts, 1999
Le vampire passif, José Corti, 2001.
Héros-Limite suivi de Le chant de la carpe et de Paralipomènes, Gallimard (col. Poésie), 2001.
Levée d’écrou, José Corti, 2003.
Sept slogans ontophoniques, José Corti, 2008.

En roumain:
Quantitativement aimée, Edtions de l’Oubli, Bucarest, 1944.
Dialectique de la dialectique, en collaboration avec Dolfi Trost, éditions surréalistes, Bucarest, 1946.
Les Orgies des quanta, Editions de l’oubli, Bucarest, 1946.

Discographie:
Ghérasim Luca par Ghérasim Luca (2 CD), Editions Corti / Héros-Limite, 2001.

Filmographie:
Comment s’en sortir sans sortir de Raoul Sangla, 1989 (55 minutes), Arte, CDN, FR3. Editions Corti, 2008.

Récitals:
1967 : Stockholm, Moderna Museet
1968 : Vaduz, Aula der Volksschule
1969 : Paris, Musée Art Moderne
1970 : Paris, Atelier de Création Radiophonique
1971 : Paris, Galerie Albertus Magnus
1973 : Stockholm, Franska Institut
1975 : Paris, Musée d’Art Moderne
1977 : Sceaux, centre Gémeaux
1977 : Paris, La Hune
1981 : Paris, Centre Georges Pompidou
1984 : New York, Museum of Modern Art
1984 : San Francisco, International Festival of Language and Performance
1985 : Oslo, 1er Festival International de Poésie
1986 : Villeneuve d’Ascq, Musée d’Art Moderne
1986/1987 : Paris, France Culture
1988 : Genève
1989 : Rencontres internationales de poésie contemporaine, Tarascon.
1991 : Paris, Centre Georges Pompidou
1991 : centre international de poésie Marseille

Essais sur Ghérasim Luca:
Dominique Carlat : Ghérasim Luca l’intempestif, Editions Corti, 1998.
André Velter : Ghérasim Luca passio passionnément, Jean Michel Place/ Poésie, 2001.

sources: http://www.cipmarseille.com