Recueil de poèmes de Catherine Gaillard-Sarron

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Pierre Parat

Perpétuel mouvement

 

Mer, je t’entends,

Réminiscence originelle

Pulser au fond de ma conscience,

Je t’entends,

Rouler depuis le fond des temps

Tes flots rugissants devant toi,

Je t’entends,

Vivante au creux de ma mémoire

Me souffler ton chant éternel,

Bercer de tes oscillations

Le Vivant au cœur du néant,

Et je pressens,

Ô mer primordiale,

Que ton mouvement perpétuel

Est le secret de toute vie…

 

© Catherine Gaillard-Sarron 26.9.12

 

Orfèvre maritime

 

Sous le tremblement maritime

De la houle qui les façonne

Sous ces trémulations intimes

Qui vont et viennent infiniment

Sous la transparence de l’eau

Qui les huilent de son éclat

Sous la caresse du soleil

Qui les nacre de sa lumière

Sous le souffle incessant du vent

Qui de sa langue les affine

Sous la permanence du temps

Qui de son sable les polit

Étincellent au cou des rivages

Superbes et royales parures

Les galets et les coquillages

Sans fin ciselés par la mer.

 

© Catherine Gaillard-Sarron 10.10.12


 « Grand-mer »

 

Mer, oh mer,

En dépit de mes cheveux blancs,

De mes rides et de mes blessures,

En dépit des vagues du temps

Qui sans fin plissent ma figure,

Comme un enfant je viens vers toi

Le cœur empli du même émoi 

 

Mer, oh mer,

Car je sais que malgré l’outrage

Du temps qui corrompt mon visage

Malgré la force qui l’ouvrage

À l’image d’un coquillage

Toujours en tes bras millénaires

Je serai un petit enfant…

 

© Catherine Gaillard-Sarron 11.10.12

 


Un petit bout du monde…

 

J’ai trouvé un galet sur le bord de la plage

Un tout petit galet posé sur le rivage

J’ai trouvé un galet un matin de septembre

Un beau petit galet sur le sable au ton ambre

Il était rond et vert sur le sable brillant

Étincelant de mer sous le soleil naissant

Je me suis arrêtée sur la plage nacrée

Je me suis arrêtée pour mieux le contempler

Puis je l’ai enlevé à la mer irisée

Enlevé à la mer qui pleurait sous mes pieds

Il était chaud et doux dans le creux de ma main

Incroyablement doux ce galet dans ma main

Je l’ai mis dans ma poche ce petit bout de roche

Tout au fond de ma poche cet enfant de la mer

Je l’ai mis dans ma poche ce petit bout du monde

Tout au fond de ma poche ce fragment d’univers :

Cette portion de terre façonnée par la mer,

Bercée par le ressac, polie par les courants,

Ce précieux gemme vert conçu par le Néant,

Pensé par l’Absolu, porté par les étoiles…

Je l’ai mis dans ma poche ce tout petit caillou

Pour ne pas oublier qu’il porte en lui le Tout

Je l’ai mis dans ma poche pour ne pas oublier

Puis je l’ai oublié tout au fond de ma poche…

 

© Catherine Gaillard-Sarron 8.10.12


 

Le creuset du jour

 

Les yeux emplis du feu qui couve sur la mer

J’attends que le soleil embrase l’horizon

J’attends en frissonnant qu’il émerge des flots

Épouser de ses flammes les vagues cramoisies

 

Dans l’azur empourpré de ses reflets brûlants,

Il apparaît soudain, ardent et lumineux, 

Incandescente sphère jaillie de l’or liquide

Nappant de son métal les ondes qui s’enflamment

 

Saisie par la beauté qui flamboie devant moi

Mon être entier tressaille face à tant de grandeur

Mes yeux émerveillés clignent à ce grand mystère

Et mon cœur au ressac s’accorde étrangement

 

Un instant je fusionne avec les éléments

Me fondant jusqu’à l’âme dans ce nouveau matin

Heureuse d’être au monde, heureuse d’être là,

À cet instant précis où jaillit la lumière

Qui chasse les ténèbres et apporte la vie...

 

© Catherine Gaillard-Sarron 12.10.12