FRENCH POETRY

La peau du désert

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les rues d’antan ont des ailes
se retournent parmi nous
lentement
leurs traces de neige noircie
et mes larmes

elles résident
dans le souvenir d’autrefois
- insouciant détail
chargé d'hiéroglyphes -

la plupart des anges qui vivent sur l’eau
toujours
à l’aube volent en triangle
contre le mauvais temps


comme après tout leur passé
dont ils ne se souviennent plus

leurs rumeurs fleurissaient un peu en automne

oh, mon cœur perdu
j’ai tant griffonné
une plumasserie d'or
en embrassant
la peau du désert

 

 

Croquis de l'absence

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ma façon de voir les choses inécrites
la solitude des arbres envahit notre existence de papillon

j'aime parfois sentir ses ailes ouvertes derrière lui
les toucher furtivement
ses pensées sont abandonnées au fleuve de l'oubli

il vit encore comme une seule lettre d'or tombée
dans l'ouverture de l'émerveillant
avant un fort bruissement d'aile
vers la libération
mon âme laisse les choses survenir
comme le bref cri de celui
qui s'est absenté longtemps

écoute la symphonie d'une superbe paire d'ailes
mon seul croquis de l'absence

Dédicace

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Voilà une rue que j'aime
un voyage inachevé comme une illusion
sens oublié d'une forme
de la réalité autour de moi-même
simple assemblage de contrastes

pour un plus de sensualité sonore
ce dimanche de l'âme

très éloignée sous un déluge de voyelles

la transparence demeure l'écho
où mes promesses éclatent encore

le mouvement des images impromptues

Voilà une ville que j'aime


 

La ville qui voulait être une île

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tous feux éteints
ces rues nous conduisent
vers le bas vers le noir
toujours plus bas les rues battent la mesure
dans une sphère de vertige
les pas de l'heure hurlant la danse
de cette ville à consonne manquante
qui voulait être une île
sans références
mais elle n'est qu'une ville
à peine une v'île
une presque v'île

ReQuIeM

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ReQuIeM
à Lui

  
 
©2007, Marina Nicolaev
 




la douce carcasse ensablée
pousse tardivement parmi les collines liquides
en un seul vol meurt un dernier soupir
écrit sur les rides éphémères des vagues

tout comme
des chevaux écumants s’envolant
vers des saisons anglaises perdues
qu'il ne faut surtout pas regarder
sur le chevalet monochrome de mon coeur

seuls entre deux mondes
nous resterons toujours là-bas
les enfants de la tendresse
au pied du temps

où j’entends encore les forêts des eaux profondes
mer d’arbres endormis

once upon a time things were so simple

le regard porté sur l'autre

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je n'aime plus les porteurs de certitudes
qui ne font pas confiance au hasard de la vie
au départ
le monde est peuplé par de multiples consciences perdues

je ne m'attacherai plus au mât de mon navire
j'aurai du mal à courir longtemps derrière Ulysse

de toute évidence ni le corps ne survit, ni l'âme
ses yeux de chacal envahissent les brins d'herbe
détruisant toujours la solitude dans la maison de mon bien-être

ne laissons pas nos hésitations nous empêcher d'y entrer

mon silence éclaire tout
là-haut se trouve le regard porté sur l'autre.

Esquisse à  deux dans la chambre verte III

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Esquisse à deux dans la chambre verte III

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il ne vend jamais
de caresses écartées
par l'absence d'espoir
d'une délivrance au-delà de soi-même
loin de l'enfer des mots

le monde d'autrefois
ouvrit le champ du possible
comme ce rhizome irréel du bonheur

grain du printemps
sur ta bouche
entre nous reste
l'amour impromptu
comme les gouttes de pluie en février

même l'orage le plus bénin a ses foudres

Esquisse à  deux dans la chambre verte II

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Esquisse à deux dans la chambre verte II

"si l'on bâtissait la maison du bonheur, la plus grande pièce serait la salle d'attente"

 



regarde-nous parmi les nuages

les anges bâtissent la paroisse

d'un pays jusqu'alors inconnu de toi



tout est oublié.

selon qu'elles sont libres ou captives

les eaux de pluie et de fonte des neiges

déversent déjà les saisons d'antan

comme dans la plupart des vallées humides



prions

dans la mesure du possible

au silence des ailes


"Si l'on bâtissait la maison du bonheur, la plus grande pièce serait la salle d'attente" - Jules Renard, Journal,1899

Esquisse à  deux dans la chambre verte

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Esquisse à deux dans la chambre verte
le seul vrai langage au monde est un baiser*

 




touche-moi
en animant tout le parcours
dans les silences de ta peau
jusqu'au bout des couleurs


l'ensemble hérite chaque structure
bien plus que les rêves des enfants perdus


le chemin s'ouvre pour ce nouvel outil du jeu promis
dans cette chambre verte où poussent tes effleurements
lorsque nous créons d'autres jeux
aux ombres et lumières lisses
sur les murs étincelants


une fois le temps inventé
notre statue à deux
vivra en nous,
respirant tendrement


quel merveilleux voyage
tout de même...



*le seul vrai langage au monde est un baiser (Alfred de Musset)

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