Musc’art 40 : la musique d’Olga et les outils de Georges par Pierre Mamier

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Olga s'envole, avec la musique de chambre


Un public restreint mais de qualité.


Angela Mamier, heureuse de trouver de la poésie
dans les outils aussi


Georges Château, jamais en panne d'un outil.


Et fier de les montrer. 

 

Ce n’était pas la grande foule pour ce 40ème Musc’art de vendredi dernier. L’hiver, l’après-fêtes, le changement de date… ? Toujours est-il que bon nombre d’absents excusés n’ont cette fois pas rempli la salle du restaurant Côté Mer. Mais c’était sans doute pour se réserver pour le grandiose rendez-vous du 4 février prochain, quand Angela Mamier recevra, pour lui laisser la parole, la « papesse » de la rigologie mais surtout la théoricienne et pratiquante du bonheur de vivre aujourd’hui, la frontignanaise la plus connue au monde : Corinne Cosseron !

Pourtant, comme d’habitude, les deux invités ne manquaient pas d’intérêt, bien au contraire. Tous deux étaient déjà bien connus, mais revenaient pour un autre discours et une pratique différente de la causerie.

Olga Kulpinskaya, notre sétoise préférée, nous est revenue, toute rayonnante de sa passion pour la musique. Mais pas n’importe laquelle, puisqu’elle allait appuyer fortissimo sur la musique de chambre cette fois et trois compositeurs en particulier, Fauré, Dvorak et Enesco. Olga n’a d’abord pas manqué de saluer la mémoire de son père qui lui a transmis ce désirable virus de la belle musique, au moyen de son tourne-disque Decca. Puis le désir de culture et la passion de l’écoute et de l’analyse minutieuse des œuvres, ont fait le reste chez cette amoureuse de la précision historique et musicale chez les musiciens en question. Ont alors été passés en revue, les « grands », ceux qui ont marqué l’histoire de la musique, par leur vie et leurs œuvres, comme César Franck, Gabriel Fauré et Camille Saint-Saëns (avec leur « Société ») et leurs compositions pour les petites formations à cordes peu sonores, avec piano qui ont fait les beaux jours de la musique de chambre française aux 19è et 20è siècles. « Musique mélodieuse… qui bouge….qui entraîne loin….qui possède un côté spirituel…qui parle à l’âme… », Olga n’a pas lésiné sur les qualificatifs à la gloire de cette musique qui l’enchante tous les jours. Elle a alors passé au crible la vie de Fauré, « le père de la musique de chambre du 20è siècle », au phrasé et au rythme si typiques dans sa "musique onirique" !

Dvorak a aussi eu droit à toutes les louanges d’Olga, aussi historienne quand elle le fait voyager jusqu’aux USA, d’où….la "Symphonie du Nouveau Monde", composée là-bas !

Enesco, le compositeur et chef d’orchestre de « génie » à l’oreille absolue qui « vibrait, pour faire vibrer les autres » a aussi été passé en revue avec tout particulièrement ses attaches sentimentales avec son pays, la Roumanie et son folklore, auxquels l’animatrice de la soirée n’est bien sûr jamais insensible !

En véritable peintre de ce genre de musique, Olga a donné les « couleurs », les titres d’œuvres, les genres et les styles, les détails de la vie de ces musiciens de renom, avec un enthousiasme qui fait peur et l’honore, bien sûr. Un bémol et un seul, sur toutes ces notes toutefois : ne fussent que cinq minutes d’écoute d’un passage de ces œuvres n’auraient pas gâché le discours d’Olga, bien au contraire. Mais la technique a parfois des secrets infranchissables…. !

Le discours de Georges Château n’avait pas à première vue de rapport avec la musique. Mais si on y regardait bien ensuite, chez cet amoureux-collectionneur de vieux outils qui voit et met de la poésie partout, il n’y aurait pas eu de musique jouée sur des « instruments », s’il n’y avait pas eu, pour l’entendre jouée par des musiciens, après avoir été composée, des artisans, des luthiers, des mécaniciens…qui avaient justement œuvré en amont, avec d’autres « instruments », à la fabrication de ces instruments….de musique ! « L’Homme s’agrandit par les outils », voilà l’affirmation de départ de Georges, qui n’a cessé ensuite de le prouver, avec les (trop courtes) données historiques concernant les outils, « primaires, secondaires et composés de plusieurs éléments, utilisés par l’Homme depuis la nuit des temps. Puis après les révolutions agricole et industrielle, les utilisateurs d’outils se sont spécialisés. Mais les progrès dans la production, grâce à l’outil ont-ils pour autant conservé une dimension humaine ? la question posée par Bergson semble aussi être celle que pose Georges Château, jamais bien loin de se poser en philosophe humaniste de l’utilisation de l’outillage, qui comme chacun le sait, connaît aujourd’hui des extensions infinies. Alors, sans revenir au silex, Georges a déballé sa caisse à outils, la vraie, celle qui a servi et peut encore servir, pour montrer à tous ces équerres, compas, chignoles, tournevis et autres vilebrequin, qui apportent aujourd’hui aux musées qui les abritent, toute cette poésie qu’ils n’avaient pas encore quand ils étaient indispensables. C’est d’ailleurs pour cela que Georges fait avec certains de ces outils, soigneusement entretenus et cirés, des œuvres d’art qui en étonnent plus d’un quand elles sortent de son atelier. Georges Château ? L’artiste- ferrailleur-poète-historien qui redonne des formes tous les jours à l’intelligence de l’Homme.

Le poisson du vendredi était le roi du repas servi à l’assistance par Stéphanie, après cette soirée où la culture frontignanaise a de nouveau été enrichie.

Pierre Mamier

                                                           Une table toujours aussi agréable

source: http://www.thau-info.fr/index.php/culture/culture