MUR DEVORANT par Jean-Paul Gavard Perret

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Le poinçon de la nuit grave nos signes et imprègne les corps séparés : je ne tente que son vice de forme qui déplace un revers halluciné. L'écriture est un brunissoir sur la flèche du temps. Elle l'ébarde avec le cri qu'elle épure et étreint. C’est une autre façon de fuir en glissant. Comment sortir la main du four et épépiner la rancœur ?
 
Dans le galimatias que j’expulse, le matricule erratique n’est qu’un orvet dans un marécage. On n’a beau dire qu’on oublie mais le texte nous restreint dans ses mailles enfantines qui n’oublie pas l’odeur des maîtresses d’école et du poivre de leurs dessous.
 
Je ne dois rien, je le fais, l’encre devient invisible mais soude la persécutée à son persécuteur. La flamme ne s’assoupit jamais. Fonte et refonte. Eboulis. Pierre après pierre, sans en venir à bout. Chantier de courts fragments : parfois par fatigue, parfois parce que le force ne suffit pas.
 
Venir buter au même endroit jusqu’à ce que cela cède. Année après année on ne peu pas savoir qui aura raison d’un peu plus de patience ou de l’inertie. On ne se libère pas : on abandonne seulement peu à peu du terrain. Le mur qui l’entoure est plus fort, il nous enkyste. Nous sommes déjà pierre mais se débattant encore pour ne pas devenir inerte. Le grand livre serait de l’autre côté du mur où nous serons jamais.
 
Les mots ne sauvent pas (il faudrait pour cela que chacun pèse autant qu’une pierre), ils retardent un peu la fin.
 
 

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