Ma vision "extérieure" des premiers km de l'Intégrale de Riquet, par Pierre Mamier

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   Quand Mico 77 (Mireille Cormier) a lancé sur kikourou son appel à accompagnateurs pour cette « Intégrale de Riquet » qui est donc partie pour Toulouse hier jeudi 2 juillet du phare des Onglous, à Marseillan, j’avais proposé mes services sur le première journée, avec Jean, un ami, qui a fait deux fois l’Intégrale mais à VTT et dans les deux sens , en deux jours.

    C’est un peu vers l’inconnu que nous sommes partis, Jean et moi, ce jeudi matin de Frontignan, pour Marseillan, dans sa voiture et avec son vélo. Nous sommes partis un peu « justes » en matière d’horaire car le temps de trouver les Onglous, le bon côté du canal, la place pour se garer, à 1km du départ, vers lequel nous sommes partis à pied et à vélo, en nous relayant, déjà( !), il nous aurait fallu partir beaucoup plus tôt.

   Et à 9h40, à quelques centaines de mètres du départ,

 

 

 nous croisons déjà tout ce groupe de cyclistes, avec paniers, sacoches, sacs à dos et même remorques, chargés comme des mules, qui se dirigent vraisemblablement  vers Agde, emmenés paraît-il par l’adjoint aux sports de Marseillan, ça je le savais. Peu importe, je les rattraperai après le départ donné, pour les rejoindre à Agde ( au 8èkm) mais il nous faut quand même voir Mireille avant le départ.



Cela se passe très vite car Christian Reina est déjà en plein briefing de départ,

 

 

 qui sera donné à 9h55 finalement. Juste le temps de savoir que Mireille a ses deux accompagnateurs officiels, « Grandware » et Chris, l’un avec le dossard 26 sur le vélo et l’autre- je les verrai plus tard-buff et casque. Jean et moi, venions donc en surplus, en 3è position, sans consignes ou responsabilités particulières.

   Alors quelques photos, le départ

 

 

et je décolle devant les coureurs avec l’espoir de rattraper le peloton des accompagnateurs. Carrefour chemin des Onglous, départementale. Les voitures bouchonnent; une femme de l’organisation- je pense- me voit traverser (pour continuer le chemin le long du canal) et m’interpelle « Vous allez à Agde monsieur ? ». Oui  «  Non, pas par là, c’est interdit ! ». Oui, oui, je sais ! J’aurais dû avoir un doute quand même.

   Je fonce et suis un chemin de terre censé être celui des coureurs. Mais voilà que très vite il se rétrécit en s’approchant de la berge du canal. Bizarre . Peux plus rouler. A pied. Puis soudain, presque plus rien. La pente raide. 2 cm de terre en pente et l’eau du canal, des roseaux , des ronces…C’est pas possible ! Ils vont faire passer les 70 coureurs par là ! Ca devient alors héroïque, pathétique, infernal. Collé à la berge, l’épaule gauche dans les ronces, le vélo dans l’eau, j’essaie de me frayer un passage. C’est du crapahut. Jamais fait ça depuis mon service militaire en Allemagne. Je cherche désespérément une voie de sortie de ce merdier.

Elle arrive enfin. Des barbelés et plus de ronces. Derrière, une prairie-garrigue apparemment.

Mais j’entends des voix d’hommes derrière moi. Deux gars. Deux coureurs. Je leur demande « Vous êtes les premiers ? ». « Oui » me répondent-ils. Pas le temps de philosopher. Ils cherchent à se sortir du même imbroglio (je suis poli !)Je leur propose de passer sous les barbelés, pour passer « au-dessus ». Et ce d’autant plus que nous voyons des coureurs passer !!!!!C’est que eux ont dû trouver la bonne voie du dessus, et ont évité la voie du bas, qui finalement se révèle avoir été prise par une bonne quinzaine de coureurs, que je fais passer sous les barbelés un par un en leur indiquant la bonne piste. Ahurissant. Que moi, je me sois trompé, bon, mais quelques vingt coureurs parmi les premiers !!! Ne serait-ce pas un premier détail concernant une organisation un peu « limite » comme je l’ai lu sur le suivi de kikourou depuis hier soir ?

Ouf, le chemin, ombragé vers Agde est là.

 

 

Les premiers plaisanciers à nous saluer aussi. Et je suis tranquillement (enfin) un groupe d’une dizaine de coureurs, qui se parlent et font leurs petites remarques au fil des petits spectacles du canal. Un pêcheur. Celui qui me précède s’exclame : « Dire que c’est mon premier sport préféré que je pratiquais quand j’étais jeune ! ». « Ca a bien changé ! », je me permets de compléter. Je verrai un peu plus tard que ce pêcheur devenu coureur à pied, n’était autre que….Bruno Heubi !

Agde enfin. Je compte mes plaies et bosses, bois une première gorgée et appelle Jean, que je retrouve à la sortie de la ville sur la route de Béziers. Il doit prendre le vélo et donc attendre Mireille. Qu’on va attendre un peu, du fait qu’elle a pris un petit rythme qui ne pouvait pas la mettre dans les premiers. Elle arrive.

 

 

 Photo. Un autre gars derrière. Et après, la police se demande s’il faut rouvrir la route ou s’il faut encore attendre d’autres coureurs. Dans le doute les policiers partiront. Et Jean s’en va rejoindre Mireille, déjà accompagnée de ses deux VTTistes. Moi je prends la voiture et me dirige vers Portiragnes, finalement (km 20), alors que Jean m’avait donné rendez-vous à Béziers(km 34).

J’attendrai, longtemps, mais ferai une rencontre qui fera passer le temps d’une manière vraiment intéressante.

J’arrive en effet au petit pont de Portiragnes et vois de suite un photographe. Bronzé, débardeur jaune, apte à la conversation( ?) on va voir. Il est 11h45. Je lui demande si les premiers sont passés. « Oh non, pas encore » me dit-il. Un rapide calcul : en effet, avec départ à 10h, pour 20km, ça fait un peu rapide comme rythme. Reste à attendre et….à parler. Des banalités. Sur la course à pied. Moi, je ne suis rien. Et encore moins que rien quand j’aurai débusqué « l’animal » : Gérard Bavato, rien de moins, que j’avais déjà un peu situé sur la liste des inscrits du site. Et quand il me parle- mais vraiment simplement, pas pour étaler la confiture !-du Ténéré, du Kilimandjaro et de la Vallée de la Mort à 75°C…., je me remémore effectivement le 17è et 2è Français au Spartathlon , de la Desert Cup au Mali, du raid Amazonie (1er) et du record de l’ascension du Kilimandjaro…., des broutilles en matière de palmarès chez ce Gérard Bavato, que tout le monde interpelle au passage de Portiragnes, où il prend bon nombre de photos de tous ses « collègues » et copains de courses au long cours.

 

Gérard me dit qu’effectivement, les courses en plein désert ont sa préférence. Le Ténéré- je ne sais plus combien de km, avec le seul GPS pour assistance….Ahurissant. Je me demande vraiment qui j’ai en face de moi. Un type qui court pour le simple plaisir. Seulement aidé par des sponsors pour la logistique. C’est tout. « Les prix à l’arrivée ». J’ose la question. Faut pas croire. Autant pour le premier que pour le dernier, c’est-à-dire rien ! Incroyable. Et quand je parle «  d’enveloppes » que j’ai vu évoquées par certains dans des coursettes , là il me dit que « c’est autre chose, oui, même si ça existe » !

Alors passent Bernard Constant, que Gérard salue, et moi de même, avec un « Vive le vainqueur de « Valencia-Montpellier » ! Bernard se retourne et je crois qu’il me reconnaît, vu que j’ai vécu dans l’organisation, aux côtés de Christophe Médard, le patron, l’épreuve qu’il a remportée en 2006, du premier kilomètre, jusqu’au dernier. Bruno Heubi passe lui aussi salué par Gérard. Et c’est là que je reconnais celui qui parlait de pêche devant moi, avant Agde !

Puis Mireille arrive, avec ses deux escorteurs et Jean. Qui va me passer le vélo, car « il en a assez ».

Je prends ma glycémie (2,38g.O.K. c’est bon. Je n’ai pas mon insuline, donc je ne me fais pas ma dose « du midi »). Une pomme, du sucre dans la poche, on ne sait jamais et je donne rendez-vous à Jean à Béziers. Je vais alors avoir l’occasion de vivre de plus près la course de Mireille et celle de ses deux accompagnateurs. Qui arrivent tranquillement mais assez vite, finalement, sur un grand et jeune type, un peu rouge et touché par la chaleur, accompagné d’une jeune femme blonde à VTT. Ca ressemble à un concurrent mais qui est-il exactement ? Mireille (Mico) voudra en avoir le cœur net et il soulèvera son débardeur pour montrer son dossard. C’est Gilles Klein, qui nous dit avoir été victime d’un gros coup de chaud « Bois, bois bien », lui disent fermement Mireille et ses accompagnateurs connaisseurs de la chose apparemment. J’aurai le temps d’entendre le premier des VTTistes, crâne rasé et torse nu me dire qu’il ne connaît pas Mico-Mireille et qu’il a été sollicité par Christian, l’organisateur, pour assurer son suivi, avec le collègue qui va disparaître, pour aller manger…

Nous nous retrouvons alors tous  deux sur la berge du canal, dans l’ombre des platanes¸ roulant vers le point d’eau de Béziers, du côté des Sauclières, que je connais bien pour y courir chaque année un petit 10km sur les berges du canal justement.

Nous approchons justement de ce 1er point stratégique du km34 où il s’avèrera que «  le point d’eau », que je voyais, innocent que je suis, comme une grande table d’accueil, avec  au moins toutes sortes de boissons, se révèle être une simple borne-fontaine, un simple robinet d’eau fraîche,

 

 

oui, où tournent comme des abeilles en besoin de fraîcheur, deus garçons assistés de leur aides, Cyril Klein, notre spécialiste des Templiers, des 24h, des 48h d’Antibes, de l’Ultra Cannonball…en mal de fraîcheur après son coup de chaleur, même s’il dit que les jambes sont pourtant bonnes, ainsi que Jean-Marie Vauclair, notre brave Suisse, auquel l’ami Jean avait déjà proposé à Agde de prendre son volumineux sac à dos.

Tous s’abreuvent et s’arrosent abondamment. Mireille « fait » ses bouteilles avec eau grenadine,

 

 

 une femme de l’organisation recommande à Jean-Marie de bien faire attention et «  qu’on va s’occuper de toi » puisque son accompagnateur vient, paraît-il de faire faux bond. Jean-Marie repart alors, avec sac à dos, apparemment confiant et déterminé à poursuivre…Tant et si bien que Mireille se retrouve seule et lâchée par Jean-Marie aux écluses de Fontsérannes, où m’attend Jean, qui me dit de nouveau « en avoir assez » avant de lancer aux autres accompagnateurs « qu’on y va et qu’on leur souhaite bonne route »…

Je n’attendais pas lâcher prise si tôt, poussé que j’y suis par un compagnon qui ne se voyait pas poursuivre plus loin cette longue aventure, laquelle s’arrêtera donc là pour nous, les plus impliqués continuant leur petit bonhomme de chemin vers Toulouse que nous souhaitons à cette femme courageuse et à ses compagnons de rallier…