Le peintre Michel Lemaire a ouvert son jardin secret à la salle Izzo, Frontignan

Creation Category: 

Angela Mamier présente l'artiste.

Faute de Monsieur le maire (de Frontignan), le public venu ce samedi soir à la salle Izzo honorer le vernissage de son exposition personnelle, a pu enfin mieux faire connaissance avec Monsieur Lemaire, « Michel » pour ses nombreux amis artistes qui l’entouraient, avec sa famille, ce soir-là.

   Et si nous avons pu parcourir le film des 60 années de peinture et d’art de Michel Lemaire, artiste prolixe, c’est grâce au prêt de la salle Izzo par la mairie et ensuite à la présentation de l’artiste par l’une de ses amies qui le connaît bien, Angela Nache Mamier, écrivaine franco-roumaine, dont les mots sont toujours bien choisis et adaptés pour louer le talent de ses amis. Elle a alors présenté sous différents angles la personnalité artistique complexe de Michel Lemaire, peintre, sculpteur, poète et prosateur. Elle a souligné la pensée originale d’un artiste-penseur qui défend ses théories sur la peinture pour mieux se surpasser.

L’assistance a manifestement apprécié la justesse de ses remarques  à propos de l’artiste qui dit que« L’art est un calmant qui vaut toutes les drogues …, qu’il aime la création par-dessus tout et qu’elle ne l’a jamais découragé ou déçu ». Et à propos de son expérience à Nouméa : « il s’est jeté dans le creuset de la civilisation canaque à corps perdu et les pinceaux en bataille comme un affamé »…

 Il prend comme matériaux tout ce qui lui passe sous la main : du papier, du carton, de la toile, du bois, des vieux chiffons, de la dentelle et il a même poussé le vice jusqu’à utiliser des soutien- gorge ou des petites culottes de sa femme …, de l’encre, du ciment, du plâtre, de l’huile, du brou de noix, de l’acide et de la colle à profusion. « Si tout le monde consommait autant de colle que moi, les fabriquants de ce noble matériau rouleraient tous en Rolls ! »avoue Michel.

Né en 1934 à Amiens, Michel Lemaire suit l’Ecole des beaux Arts, mais finalement il deviendra ingénieur métallurgiste tout en suivant son périple artistique.

En véritable globe-trotter, il exposera dans plusieurs pays (USA, Nouvelle- Zélande, Suisse, Miami, etc..,). Il vit 10 ans en Nouvelle Calédonie où il connaîtra une véritable notoriété.

Le « Caillou » calédonien lui inspirera des tableaux pittoresques avec le peuple canaque dans ses traditions et la danse tribale du Pilou. Ses portraits de femmes (les popinées) atteignent la perfection des vahinés de Gauguin.

Le retour en France le mènera vers une centaine de tableaux fascinants inspirés de la corrida du Sud de la France, sans qu’il soit vraiment un aficionado comme Hemingway. Il raconte des histoires dans cette arène où « un petit homme courageux se bat, une sorte de marionnette dorée, pleine d’orgueil et de malice devant la bestialité de 800 kilos de colère et de muscles ».

Ponctuellement il revient sur des sujets maritimes car dans sa peinture on perçoit toujours le mouvement d’une vague.

Sa démarche devient ensuite abstraite, « subjective », et  il demande  à ce que le spectateur retrouve seul son chemin dans cet ouragan, en faisant appel à son imagination ; et tant pis s’il lui arrive de se noyer. Il innove en s’appuyant sur les ressources de l’art mélanésien, utilisant des procédés proches de la gravure des motifs sur bambous, ce qui lui permet des libertés avec les volumes et aussi des effets de matières inédits.

La  soirée de samedi était placée sous le signe de l’amitié, « Les 4 Saisons » et « les Musc’art » ayant donné un coup de main pour que cette expo soit digne d’être présentée .Un petit plus très apprécié aussi, avec l’accompagnement musical de Jean Alingrin  au hautbois et de son compère guitariste.

Quand Michel Lemaire se retourne pour juger du résultat de ses efforts, il considère avec dépit qu’il n’a fait  « qu’entrouvrir son jardin secret ».

Au fond, Michel Lemaire fait de la poésie avec son pinceau, nous laissant chaque fois bouche bée d’admiration !
On le verra bien un jour à l’Hôtel de  Région ou au Musée de la ville de Frontignan ? Le temps le dira…

P.M.

Exposition visible à la salle Izzo jusqu’au 29 janvier, de 10h à 12h et de 15h à 18h.

You voted 'down'.