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Présentation du 20 octobre 2012 à l’occasion du vernissage de l’exposition des peintures de Marie Doutrelant "Parcours peintre 1992-2012)" et l’exposition de bas reliefs et céramiques de Michel Lemaire
au Caveau Croix Saint Julien, rue du Calvaire Cournonsec
(du 20 oct.-23 nov 2012)
Angela Mamier Nache, écrivain, critique d’art occasionnel
Je suis là pour saluer ensemble 20 ans de peinture de Marie Doutrelant et la présence de son ami le peintre Michel Lemaire - 50 ans de peinture, présent aujourd’hui en tant que sculpteur.
Rigueur, discipline, travail, assiduité et admiration, voilà le fil conducteur qui pourrait les caractériser et les réunir.
Ils correspondent à la citation d’Anatole France : « L’artiste doit aimer la vie et nous montrer qu’elle est belle ; sans lui nous en douterions ».
Marie Doutrelant
Du point de vue étymologique, Doutreland, un nom très rare , vient du Nord de Outrelant , celui originaire d’une localité appelé Oosterland (pays de L’Est) nom de 2 communes des Pays Bas .
Toute jeune , à l’école, Marie adorait dessiner des petits canards sur ses cahiers d’écolier qui lui ont valu des remontrances de la part de ses maîtres.
Elle adore encore peindre des animaux .Graham Greene disait qu’il y a toujours dans notre enfance un moment où la porte s’ouvre et laisse entrer l’avenir .Les beaux-arts lui ont laissé d’excellents souvenirs et ont canalisé ce qu’elle appelle « sa boulimie débridée ».
Sa vie professionnelle dans une agence de publicité lui a appris la rigueur d’une mise en page , le montage des documents pour la gravure et l’impression ,un travail de direction des photos ,des mises en scène avec des mannequins.
Entreprenante, elle travaillera dans sa propre agence de Mode, donc toujours en liaison avec un univers culturel et artistique.
Elle revendique comme modèles Gauguin, Van Gogh, Braque, Klee etc.…
Elle a aussi une attirance pour les silhouettes féminines, modernes en tons pastels.
Les thèmes rigolos lui inspirent des tableaux qui ont des titres inattendus et prouvent une verve inventive, piquante: « Attention ça pique », « Attention ça colle », « Bacchus, enfant en visite à Mèze ».Elle s’amuse avec des applications inédites de formes de cactus, hérissons, collages d’aiguilles et de perles, directement sur la toile.
Elle excelle dans le travail du portrait.
En 2006 elle a obtenu le 1er prix de peinture classique du Salon des Artistes de Thau
La même année elle reçoit aussi le 1er Prix de la ville de Frontignan en 2006, et une médaille d’or, une médaille de bronze et un diplôme d’honneur (à partir de 2005) au Salon des artistes peintres d’Agde pour un portrait de femme, un autoportrait (Hortense et Marie’s family) et le portrait du « Vieil homme à la pipe ».
En 2009 , elle découvre dans une émission Ushuaia les peuplades de la Basse vallée de l’Omo et sur Internet elle admire les photos de Hans Silvester , un explorateur de l’art corporel .Marie a la révélation devant ces chefs d’œuvre vivants découverts dans la Vallée de l’Omo, aux confins de l’Ethiopie ,où ils font de leurs corps des toiles ,en trempant leurs doigts dans l’encre, le kaolin ou encore le cuivre de leur terre volcanique .Ils font jaillir les couleurs et les parfums ,un ART primaire(pas primitif),un ART vivant et fugace qui prend la pose pour l’éternité grâce à ces photos prises par Silvester , qui a partagé leur vie pendant 6 ans. Marie a fait le choix de surprendre ce « choc émotionnel fort » et de l’immortaliser sur une série de tableaux exposés en 2010 dans le cadre d’une exposition de succès à Gruissan.
A l’occasion de cette exposition, Emilie Tovar, journaliste à Midi Libre a tenu un discours élogieux sur son blog : « le visiteur en pénétrant dans la seconde salle de l’espace d’art contemporain ne peut que rester pantois en découvrant toute une série de portraits et de corps nus parés de couleurs ,de motifs géométriques et abstraits, métamorphosant les silhouettes en trophées composés de parures arrachées ou empruntées à la nature environnante . Un art libre et éphémère que l’artiste présente à travers une série de chefs d’œuvres saisissants. Marie Doutrelant aime les gens et ça se ressent, on ressent le plaisir créatif son besoin de pénétrer leur mystère de ce mode de vie ancestral. Elle y mêle des éléments végétaux, des plumes ou des colliers de perles .Un hommage à ces peuples qui nous relient à la nuit de nos origines ».
Sans l’art, la vie serait insupportable même si elle demande le sacrifice de soi dans la crainte de ne pouvoir atteindre la perfection. Ce qui atteste encore une fois que De Vinci avait raison quand il observait que « l’œil est la fenêtre sensible de l’âme ».
L’écrivaine Françoise Renaud a rédigé ce commentaire sur l’artiste : « Il me semble que Marie Doutrelant a trouvé dans ce sujet l’espace nécessaire à exprimer des sentiments qu’elle porte en elle depuis longtemps, une sorte de déclic ; le travail préexiste à toute forme de reconnaissance ,un long et interminable travail jalonné par des partages inattendus et, maintenant , il faut continuer… »
Pour cela c’est le moment ou jamais, à l’occasion de cette rétrospective picturale de 20 ans de lui souhaiter de tout cœur : « Bonne continuation, Marie… » .
Michel Lemaire
est comme Marie Doutrelant un peintre frontignans, même si aujourd’hui il expose des sculptures, des céramiques et des bas reliefs.
Son atelier est un vrai musée qui réunit l’œuvre prodigieuse d’une activité artistique de plus de 50 ans !
Son parcours de vie exceptionnel de globe-trotter a toujours concilié le professionnel avec l’artistique.
Artiste dans l’âme et de formation , aux Beaux Arts , l’ingénieur de métier , transplanté à Nouméa, « se jette dans le creuset de la civilisation Canaque , à corps perdu et les pinceaux en bataille comme un affamé »reconnait-il ,en amoureux éperdu de ce Pacifique sud dont le peuple et l’environnement l’ont tellement fasciné, qu’il a produit pendant dix ans sa première période de tableaux gorgés de lumière et de soleil .Il a exposé à Auckland , a inauguré le Musée de Nouvelle Calédonie à Nouméa en 1969 et poursuivra ensuite un véritable tour du monde , exposant à San Francisco , Genève , Paris avant de gagner le Languedoc , où il poursuit son œuvre car pour lui, « l’art est un calmant qui vaut toutes les drogues ». Il passe par une « période espagnole », puis en amoureux de toutes les matières, prend le chemin de l’abstraction auquel le paysage l’a mené …Ses thèmes les plus connus chez lui sont la corrida, la peinture figurative, la peinture abstraite, les éléments du Temple de la Nature
Sa personnalité est très complexe : poète, prosateur, peintre, sculpteur, son œuvre est très étendue.
Il tient en son cœur un grand poète, Alexandre Viallate, qu’il cite souvent : « L’homme a besoin à la fois de la magie et de la science, du rêve et de la réalité ».
Le bonheur pour Michel Lemaire ? Se trouver devant ses pinceaux, des manches à poil et sans poils, des couteaux, des cotons-tiges, des seringues à piqûres et ses doigts….et surtout sous le regard bienveillant et connaisseur de sa femme Arlette…
La découverte du raku le fascine .Cette technique de cuisson de la céramique est ancestrale et demande différentes cuissons. La sculpture en terre permet de travailler les 3 dimensions et donne ainsi de nombreuses possibilités d’expression.
A l’inverse de la peinture, la terre donne l’opportunité de la toucher.
L’arrêt brutal de la cuisson rapide, le Raku, quand l’émail commence à fondre (vers 980°C) provoque un choc thermique qui fait fondre l’émail et crée des craquelures…
Cette cuisson le fascine et réserve des surprises à cause de l’interaction des 4 éléments (l’eau , la terre, l’air et le feu) ; Les résultats sont souvent inattendus .
J’imagine que Michel Lemaire quand il sculpte, ressent fort le sens des paroles de Théodore de Banville : « Sculpteur, cherche avec soin, en attendant l’extase, un marbre sans défaut pour en faire un beau vase… »