De passage à  Frontignan, après 34 000 km à  vélo, par Pierre Mamier

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Pas revu depuis 1985, « le Bruno », comme on dit dans le Jura ! Le Jura, parce que c’est à Bois d’Amont, village frontalier avec la Suisse, que je l’ai connu alors qu’il était « le meilleur copain » de Luc, mon fils, tous deux élèves au CP de l’école primaire du village, en 78.Fêtes, anniversaires, sorties à ski de fond….c’était Bruno Saulet, vif, dynamique, déterminé (déjà !)

Et puis, comme on dit, la vie nous a séparés. Mais avec l’avènement d’internet et de Facebook, j’ai retrouvé Bruno, 25 ans après, sur les sites de courses à pied, de triathlon, d’épreuves au long cours en tous genres et sur son blog personnel qui relate tous les voyages à vélo qu’il a entrepris à travers le monde, que ce soit vers le Cap Nord ou sur le tour de l’Australie.

Et il y a quelque 20 mois, après quelques échanges en pointillés, voilà qu’il m’invite à l’accompagner sur un morceau de son Tour du Monde à vélo, au départ du pays de Gex, où il résidait, vers l’Europe de l’Est. Avec quelques années de moins, je n’aurais pas dit non, mais l’heure n’est plus à de telles entreprises, malheureusement…. !

Il est alors parti tout seul, le Bruno, comme un grand- qu’il est vraiment- le 19 juin 2008.Un bon routier aux pneus increvables, des sacoches partout, la tente, le porte-bidon pour les bouteilles, surtout, quelques vêtements adaptés au froid et à la chaleur mais faciles à laver et à sécher et c’est parti !





Les sacoches posées pour quelques heures...

16 mois à vélo, 27 pays, 34000km


Les Alpes, le Danube et la Mer Noire longés, l’Iran, Dubaï puis l’avion, vers l’Inde. Delhi, Katmandou, le Népal –deux lieux qui l’ont fortement marqué pendant deux mois –puis de nouveau l’avion vers Bangkok, le Cambodge, Singapour, la Thaïlande et la Malaisie. Encore l’avion (pour traverser les océans, il le faut bien !) pour la Nouvelle Zélande-où il reste deux mois et demi-, avant de repartir pour Los Angeles, San Francisco, Vancouver et le Canada et le Québec où il a passé cet été 2009. Enfin, de nouveau l’avion pour Dakar, le Sénégal, la Mauritanie et l’Espagne, qu’il a quittée la semaine dernière à Barcelone, pour rejoindre Frontignan en deux jours afin de saluer au passage son « vieil ami de trente ans » !





Jeudi matin 7h45, direction Aubenas...




Et de nous quitter ce jeudi matin 10 décembre pour rejoindre Aubenas, puis Valence et Lyon où il retrouve famille et matériel, avant de boucler son périple….à vélo, bien sûr, vers le pays de Gex et Ferney-Voltaire, son lieu de résidence, pour le 20 décembre.

Ouffffffff ! Pour ne pas dire « au fou » !!!!!! 27 pays traversés et 34000km au compteur du vélo. A 6000km près, c’est le tour de la terre !

C’était son 5è grand départ à vélo, en solitaire .Pour continuer à nourrir sa curiosité des autres et de l’universel.





Quelques minutes de repos, avant une bonne râclette du pays (de Gex!)


Combien ça coûte ?



Mais alors, demandera le béotien, financièrement, comment cela se passe-t-il ? La réponse fuse : «13000€, cela m’a coûté….23€ par jour…on peut même faire avec 2€….c’est le prix d’une voiture ! ». Pour Bruno, l’argent n’est pas un problème. Des sponsors ? Il n’y pense plus. Une grande perte de temps pour pas grand-chose(« monter un dossier c’est mission impossible ») et si les péripéties ne donnent pas assez dans le spectaculaire, il n’intéresse personne !

Il avait une petite entreprise artisanale d’agencement du bâtiment. Quand il réunit la somme désirée, il quitte tout et part. Au retour il relance une autre entreprise (de menuiserie-isolation) avec le reste de ses fonds et c’est reparti pour penser un autre projet de départ ! Son « outil » principal ? Le vélo, qui lui sert à se déplacer et à se mettre au contact rapproché des populations. Mais aussi un principe auquel il ne veut surtout pas déroger : « il faut aussi savoir se libérer de trois « boulets » que sont la famille, les crédits et le travail », énonce très clairement Bruno. Le travail, nous l’avons expliqué ce qu’il en fait. Les crédits ? Une peste à fuir, surtout. Et la famille, nous en avons été témoins, il reste en contacts permanents avec papa, maman et les copains par le biais d’internet, de Facebook et de Skype.



Souvenirs, souvenirs…



Côté souvenirs alors, comment trier et en retirer les meilleurs….comme les pires ?Après katmandou, qui l’a fortement impressionné, c’est d’une auberge de jeunesse à Tadoussac, au Québec, dont il garde d’excellents souvenirs car « il y avait beaucoup de jeunes super sympas et surtout, des baleines… ! »

San Francisco et les pays développés lui ont aussi permis des contacts très intéressants alors que dans des pays comme l’Iran, il s’est retrouvé assailli d’une foule de curieux.

Le mauvais souvenir qui aurait pu faire tourner court ce beau voyage :une coupure au pied en Autriche et 5 jours d’hôpital, avant de repartir en pédalant sur une jambe ! On ne l’arrête pas comme ça ! A la limite, une nuit très fraîche sous la tente dans la campagne d’Aubenas ce jeudi soir, ce n’’est pas plus confortable !



Et après ?



L’heure est maintenant aux projets. A court terme, un grand rassemblement des « Voyageurs à vélo » que Bruno organise dans son bon Pays de Gex, le premier week-end de juillet 2010.Venir à vélo, présenter des images, participer à des débats, vie en communauté, logement en camping et surtout, « l’esprit voyage à vélo », voilà le programme et les conditions. A moyen terme, le prochain départ se fera vers ….l’Amérique du Sud fort probablement. Un très bon choix, pour le pays et ses gens, de la part de cet infatigable pédaleur humaniste.



Son site : www.bruno-saulet.com

on adresse : brunosaulet@yahoo.fr