CONFIDENCE DE LA MER, par Jean-Paul Gavard-Perret

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Pour M.N.

Tes images conduisent jusqu'aux limites, jusqu'à ton lieu. Sur les hauts murs tombe le ciel. Il n'y a personne d'autre qu'elles dans l'air muet.

Vivre là, secrètement, respirer entre tes murs, regarder arriver le soir. Comme un anneau ta vie y ajoute un cercle de lumière.

Dans ton atelier nourri par le soleil sur la trame de la chaux réapprendre la lumière afin que dans le silence de la nuit tout puisse se consumer jusque dans le sommeil.

Au matin : deux ou trois nuages et puis l'immensité de l'air tremblant dans la brume. Plus tard ce sera l'attente, la côte, la mer entrevue avant qu'elle ne jaillisse et coule autour de toi.

Que tu en deviennes l'Ile et l'île de l'Il dont les syllabes ne seront que rumeurs parmi les vagues.

 Calice et colombe. L'âme aussi nue que le ventre, le murmure d'aurore. Entendre de nouveau la mer qui t'appelle entre le chœur des cigales.

Pourrons-nous connaître la sérénité dans l'air qui brûle ? Je verrai l'amandier, j'entendrai ta voix. Faisons dans notre connivence à l'offrande de qui nous sommes contre le poids des jours.

Le soleil comme une pluie touche tes mains en bas lorsque tu sors de l'eau. Lumière charnelle, épaule du désir.

Revenir à la région de l'origine, à la matière immortelle et maternelle dût-il ne demeurer de nous que la pierre qui dira notre commune mémoire.

 

Tes divinations : traces, trajets, foulées. L'intervalle tenu en respect, l'écart des fissures. La mer gris ardoise moutonne au large, plus azurée vers la plage où Artaud fuit un chien danois sous les yeux d'une jeune anglaise qui tient un poisson dans ses mains blanches. Dessus le vol d'un oiseau de Brancusi aussi élégant qu'abstrait. Morsure de l'invisible. Etre emporté par ta destination, ton premier âge où chaque mot portait déjà sa propre traduction du corps en images. Remonter la pente, retrouver la danse.



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