Petit Auditorium, Entrée Est BnF, près MK2
Projection-Débat
Dans le cadre du projet « éco-quartier »
Le Quartier de la Gare : (13e arr)
Une mémoire partagée
Vendredi 18 Décembre 2009
Dans les années 1960 et 1970, le Quartier de la Gare a été une première fois
transformé par des opérations d’urbanisme à grande échelle. Dans les quartiers des
Olympiades se sont installées de nouvelles populations parmi lesquels des résidants
d’origine asiatique.
Depuis 12 ans, autour de la BnF, un quartier en devenir voit le jour, et les nouveaux
arrivants tentent de prendre leurs marques dans cet espace à la fois ancien et neuf.
A trente ans d’intervalle, les mêmes questions surgissent : prendre possession d’un
nouvel espace de vie au quotidien ; créer des ponts entre les anciens et nouveaux du
13e.
Cette rencontre permettra de redécouvrir l’histoire d’un territoire à partir de
photographies, de films appartenant aux collections de la BnF, et de témoignages
des habitants pour réfléchir ensemble à ce que signifie habiter un quartier.
Programme :
Mémoire photographiée du Quartier de la Gare
Mais où sont passés les terrains vagues ? Jean Cazenave, 1971, 31 min
Les Chinois de Paris, Olivier Horn, 2002, 52 min
Un immeuble, des histoires… Emmanuel Laborie, 2003, 46 min
Coordonné par Gilles Antoine Langlois, historien et urbaniste.
ENTREE LIBRE
Séance de projection de films documentaires organisée par la
BnF, avec la participation de l’association ADA 13
Vendredi 18 décembre 2009, 14 h 30-19 h 30
Petit auditorium de la BnF, entrée est (près du MK2)
Les trois films documentaires projetés ont en commun d’être situés dans le 13e
arrondissement de Paris (quartier de la Gare). Tous parlent de la vie des habitants en
train de se construire ou de se reconstruire (opérations de rénovation, accueil de
populations étrangères, découverte et appropriation de lieux nouveaux). Mais les
approches diffèrent selon l’époque, le lieu et bien sûr le cinéaste.
Venez découvrir ces films :* Mais où sont passés les terrains vagues, Robert Bober, 1971, 31mn, noir et blanc
Reportage sur les jeunes habitants de la cité du 15-9 de la rue du Château des Rentiers,considérés comme des loubards, des voyous.
« Le 13è sent parfois le soufre. Il a mauvaise réputation ». La rue est le terrain de jeux descités, la violence latente. On déplore l’inexistence d'animations ou de centres de loisirs. Les
jeunes interviewés, Michel, Dominique, évoquent « une vie de hasard à l'image duquartier » .
Il s’y exprime un refus de la société, du travail, la volonté de ne pas se faire exploiter :« ceux qui travaillent vivent comme des bêtes, une société ronéotypée. Quand le quartier acommencé à se développer, il y a eu brisure, deux armes de vie celles du bavardage et de
l'ascenseur. On vit mieux dans les HLM, mais l'homme y est plus paumé ».
Pour certains cependant, il y a volonté d’intégration : par le mariage, la socialisation,
l’apprentissage des « bonnes manières ».
Ramon, l'éducateur joue un rôle important auprès de ces jeunes car, dit Michel, « à l'école onne nous apprend pas à penser ».
Il n’y a pas d’échange, ni d’hostilité, entre ceux de la cité et les jeunes des immeubles voisins
plus bourgeois. Et pourtant ils ont quelques chose en commun : ils s’ennuient !
Notons que ce reportage de 1971 en noir et blanc, sera repris 8 ans après, en 1979, dans unfilm en couleur du même réalisateur, Robert Bober, et intitulé Il n'y a plus de terrains vagues
(57mn). On y verra un quartier transformé. Le village est devenu une ville. « Il n'y a plus deterrains vagues pour jouer au cow boy ». Mais désormais il y a les tours.
* Les chinois de Paris, Olivier Horn, 2002 (52 mn).
Le film débute sur un défilé des dragons dans le quartier des Olympiades. Il raconte l'histoire
de l'émigration asiatique à Paris sur la rive droite (gare de Lyon , marais) après la guerre de
14 et sur la rive gauche vers les années 1975 (réfugiés du Cambodge, installés dans les
appartements inoccupés des olympiades)
Cartes et documents d'archives de l'exode des asiatiques de Chine (whenzou), duCambodge, du Vietnam (pendant la guerre), de Mandchourie (immigration économique).
Plusieurs générations d'émigrés sont présentées dans le film. La jeune génération est mieux
intégrée que l'ancienne ce qui provoque un conflit entre générations (une jeune se plaint de lamentalité des parents trop conservatrice).
Les conditions de vie à Paris sont difficiles (ils doivent repartir de zéro). Ils réussissent dansles domaines ou ils sont les plus forts (la restauration, le commerce). Ils ont des difficultés à
obtenir le statut de réfugié. On note l'importance de la vie associative (Teo Chew, ARFOI …).
Ils veulent s’intégrer par l’éducation et même, parfois par la revendication (pour la
régularisation des sans papiers). « Les chinois de Paris se sentent entre deux cultures(1+1=3), des êtres hybrides avec la qualité supplémentaire d'avoir une autre culture ».
Témoinages de Dominique Noguères (avocate), Emmanuel Terray (collectif régulation dessans papiers), Fang Hui Wang, cinéaste (film Le piège français) et autres réfugiés chinoiscommerçants, chef d'entreprise, jeunes...) d’élus : J.M. Le Guen et J. Toubon (congrès du Teo
Chew.
La vie sociale des chinois des Olympiades domine le film. L'environnement limité auxenseignes des rues avec séquences sur l’église St Hippolyte, les entrepôts Tang dans l'ex-gare
des Gobelins, en sous-sol.
* Un immeuble, des histoires, Emmanuel Laborie, 2003 , 46mn, couleur.
L'immeuble (93 lots), rue Durkheim, conçu par l'architecte Francis Soler, en 1997, s'élève
dans un quartier en friche, aux abords de la BnF. La façade est composée de vitres -
sérigraphiées- coulissantes.
Le film sous forme d'enquête nous présente les réactions des habitants de cet immeuble
atypique : « on ne savait si c'était un immeuble d'habitation ou autre ».
Ce sont des logements sociaux, conçus pour la Régie immobilière de la ville de Paris, mais 6mois après la livraison, les appartements ne se louaient pas : beaucoup de dossiers en attente
furent donc attribués très rapidement . Une habitante dit « pourquoi me l'avoir attribué, carj'ai des revenus de cadre moyen. Qu'est-ce qu'un immeuble comme Durkheim à de social »?.
Un des problèmes était la lumière et la vue filtrées à l'intérieur des appartements par lasérigraphie (par ex. fragments géants d'une fresque de Giulo Romano ou Jules Romain,
peintre maniériste du 16e s., collaborateur de Raphaël). « C'est un ange comme un papillonsauf qu'il a des fesses » dit un enfant au sujet d'un motif.
L'architecte souligne « le coté créatif, novateur de l'architecture, une innovation technique,oui, voulue par le pouvoir public » .Le tout est apprécié par les habitants d'où une bonne entente entre eux. La
sociabilité deshabitants, au bout de quelque temps, s’est créée par le jardin d'enfant, le parc, l'associationdes locataires (revendications diverses, sécurité, local vélo trop petit, les enfants voudraient un
terrain de foot). Le problème du manque de commerces et de transports est aussi ressenti. Des
liens se sont établis : invitation de voisinage, fêtes de palier (« espace réinventé pourdéborder de sa niche comme à la campagne »)
Descriptif des appartements et des parties communes : « on avait l'impression de vivresecrètement, c'est l'ascenseur qui m'a révélé qu'il y avait d'autres habitants dans
l'immeuble » dit un locataire.
Le lien est très fort avec l'environnement : « ce quartier commence avec nous .,
Les Images montrent le quartier, les trains, comparent avec d'autres quartiers sociaux, avecdes appartements sans convivialité (ex. Sarcelles).